Sri Lanka : une église évangélique visée par des tirs quelques jours avant l’anniversaire des attentats de Pâques 2019

À quelques jours des commémorations des attentats de Pâques 2019, une église évangélique a été la cible de tirs dans l’est du Sri Lanka. Une attaque qui n’a, selon les premiers éléments, aucun lien avec les attentats coordonnés qui avaient visé trois églises et des hôtels il y a six ans. Si aucun blessé n’est à déplorer, des vitres ont été brisées.
Vendredi 18 avril, un homme armé a ouvert le feu sur une église chrétienne évangélique située à Manampitiya, à environ 160 kilomètres au nord-est de Colombo, la capitale. Selon un communiqué de la police sri-lankaise relayé par The Hindu et The Times of India, l’attaque a endommagé les vitres de l’édifice mais n’a fait aucune victime. Le suspect a été interpellé.
Les premières investigations indiquent que le geste serait motivé par une rancune personnelle envers le pasteur, selon la police. Rien ne permet à ce stade de relier l’attaque à une organisation ou à une idéologie extrémiste. Toutefois, cet acte s’est produit à seulement trois jours de la commémoration des attentats du 21 avril 2019, dans un climat de vigilance sécuritaire accrue.
À cette occasion, le pays a rendu hommage aux 279 victimes – dont 45 étrangers – tuées lors d’un attentat coordonné contre trois églises et trois hôtels. Plus de 500 personnes avaient été blessées. L’Église catholique a organisé plusieurs cérémonies et a officiellement déclaré les victimes comme “Héros de la Foi”.
Malgré la relative stabilité retrouvée depuis les attentats, les chrétiens au Sri Lanka continuent de faire face à diverses formes de pression. L’ONG Portes Ouvertes rappelle que les convertis au christianisme issus de milieux bouddhistes ou hindous sont régulièrement persécutés par leur propre communauté. Dans certaines régions rurales, des églises évangéliques sont régulièrement la cible d’intimidations, voire d’attaques physiques, souvent encouragées par des moines bouddhistes ou tolérées par les autorités locales.
Si la communauté chrétienne historique, en particulier catholique, bénéficie d’un certain niveau de tolérance, les églises évangéliques, souvent composées de convertis, restent plus exposées. Portes Ouvertes indique aussi que les chrétiens, qu’ils soient tamouls ou cinghalais, sont encore considérés comme des citoyens de seconde zone dans de nombreuses sphères de la société.
Depuis les attentats de 2019, la minorité catholique sri-lankaise mène une campagne active pour obtenir justice. Selon The Hindu, elle estime que les enquêtes précédentes n’ont pas permis de répondre à des questions essentielles sur les circonstances et les responsables des attaques. L’impunité persistante et l’absence de réponses claires de la part des gouvernements successifs alimentent un climat de défiance au sein de la minorité chrétienne.
Camille Westphal Perrier
Crédit image : Shutterstock / Aleksandr Medvedkov / Vue aérienne de Colombo, capitale du Sria Lanka